Depuis sa rencontre avec la Terre il y a 20 ans, la météorite du lac Tagish attire continuellement l'attention des scientifiques. Reliquat d'une époque primitive, elle contient ce qui pourrait être les composants du nuage de poussière à l'origine de notre Système solaire. Au cœur de sa structure, l'équipe du Dr. Lee White a fait une découverte fortuite et particulièrement encourageante : des précipités d'eau dans lesquels les framboïdes de la météorite auraient pu se former. « Nous savons que l'eau était abondante dans notre Système solaire », explique White, « mais il existe très peu de preuves tangibles de la composition ou de l'acidité de ces liquides, bien qu'ils eussent été primordiaux dans la formation et l'évolution d'acides aminés, et, à terme de la vie microbienne. » Grâce à cette nouvelle étude, les chercheurs détiennent enfin la preuve de l'existence de ces fluides riches en sodium, suggérant que les plus anciennes soupes moléculaires du Système solaire auraient pu voir naître la vie. « Les acides aminés sont des blocs essentiels de la vie sur Terre ; pourtant, nous avons encore tant à apprendre sur leur formation dans notre Système solaire », complète Beth Kymer, coautrice. En obtenant plus de variables, telles que le pH ou la composition des éléments formant la météorite du lac Tagish, explique-t-elle, il est alors possible de se rapprocher d'une explication quant à la façon dont ces molécules ont pu évoluer et basculer de la chimie vers la vie organique, jusqu'à donner les créatures complexes qui arpentent la Terre aujourd'hui
La glace de la banquise de la lune de Jupiter ne devrait pas se sublimer dans les conditions de pression et de température où elle existe. Nous avons aussi des arguments pour dire que les molécules d'eau détectées ne sont pas le produit de l'intense bombardement de radiation à la surface d'Europe. La vapeur d'eau ne devrait donc pouvoir venir que de geysers. On peut bien sûr être étonné d'une détection aussi tardive de molécules aussi ordinaires que H2O à l'état de vapeur autour d'Europe. En fait, déjà en 2013, le télescope spatial Hubble avait permis de détecter les éléments chimiques hydrogène (H) et oxygène (O) dans des configurations semblables à des panaches s'élevant d'Europe. Mais il a fallu attendre les observations faites dans le domaine infrarouge depuis le sol à Hawaï pour obtenir la preuve de l'existence de molécules d'eau. Elles ont été faites à l'aide du Near-Infrared Spectrograph (NIRSPEC) équipant le fameux Observatoire W. M. Keck situé à une altitude de 4.145 mètres sur le mont Mauna Kea de l'île d'Hawaï. Mais la preuve elle-même a nécessité un savant traitement des données pour filtrer des effets parasites dus à l'atmosphère terrestre et mettre en évidence les raies spectrales de la molécule H2O. Ces raies n'ont été détectées qu'au cours d'une seule des 17 campagnes d'observations menées entre 2016 et 2017. À ce moment-là, il semble qu'Europe ait éjecté 2.360 kilogrammes d'eau par seconde, de quoi remplir une piscine de taille olympique en quelques minutes. On attend donc avec impatience le lancement au cours des années 2020 de la mission Europa Clipper qui devrait réaliser une quarantaine de survols d'Europe, à des distances variant entre 2.700 et 25 kilomètres de sa surface. La sonde est équipée d'instruments qui lui permettront d'analyser la composition des panaches de vapeur d'eau d'Europe, en quête de trace indirecte de la Vie. Une mission encore plus ambitieuse est envisagée conjointement par la Nasa et l’ESA, avec un atterrisseur qui, lui, pourrait partir dans le courant de la décennie 2030.
Tombée sur un lac canadien gelé, cette météorite, une chondrite carbonée, voit sa célébrité grandir au point de faire de l'ombre à sa cousine, la fameuse météorite d'Allende. En plus de faire partie des plus anciennes météorites connues, elle est, d'après les chercheurs de l'Université de l'Alberta, quatre fois plus riche en acide formique que toutes les météorites recensées jusque-là. Cette découverte pourrait nous renseigner sur l'apparition des premières membranes cellulaires sur Terre. Le 18 janvier 2000 un objet dont la taille initiale devait être d'environ 5 mètres et qui devait peser 200 tonnes est entré dans l'atmosphère de la Terre au-dessus du Canada. L'événement n'est pas passé inaperçu. La météorite a été détectée par des satellites américains du Département de la Défense et une boule de feu exceptionnellement longue et brillante a été observée par plusieurs témoins. Une série de photos montre la traînée poussiéreuse laissée par l'entrée de la météorite dans l'atmosphère. La météorite elle-même a explosé en fragments avec une puissance de quelques kilotonnes (en équivalent de TNT). Dans les jours qui suivirent, plus précisément les 25 et 26 janvier 2000, quelques fragments ont été retrouvés par un particulier, ce qui a permis aux chercheurs de réaliser l'importance de cet événement. Il s'agissait visiblement d'une météorite pierreuse faisant partie des chondrites carbonées, donc d'une cousine de la météorite d'Allende qui a été qualifiée de Pierre de Rosette de la planétologie tant fut déterminant son apport à la compréhension de la naissance du système solaire il y a 4,56 milliards d'années.
Les archives des données collectées par la sonde Galileo lors d'un de ses survols d'Europe, la plus grosse lune de Jupiter, contenaient un trésor caché. Analysées à l'aide de simulations numériques modernes, ces données confirment la présence de geysers il y a presque vingt ans, dans la région où Hubble les avait ensuite suspectés en 2012. La vie existe-t-elle ailleurs que sur Terre dans l'Univers ? C'est une des rares questions philosophiques et scientifiques profondes à laquelle l'humanité a de bonnes chances de pouvoir répondre au cours du XXIe siècle. On a d'abord pensé que la réponse viendrait de l'exploration de Mars mais il semble désormais plus probable qu'elle viendra de l'étude des lunes glacées possédant un océan sous une banquise dans le Système solaire. L'exobiologie devrait donc peut-être définitivement acquérir ses lettres de noblesse via l'exploration d'Europe autour de Jupiter et d'Encelade autour de Saturne. Pour différentes raisons physico-chimiques, l'eau liquide semble indispensable pour l'apparition et le développement de la vie et il existe visiblement de sources d'énergie à l'intérieur d'Europe et de Jupiter qui maintiennent liquide l'eau de cette lune. Elles pourraient servir également à des organismes vivant grâce à l'énergie, non pas de la photosynthèse mais d'une chimiosynthèse comparable à celle exploitée sur Terre dans les abysses autour des sources hydrothermales. Une présentation de la mission Europa Clipper. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa, JPL Europa Clipper cherchera des signatures de la vie dans l'océan d'Europe On pourrait croire que ces formes de vie soient à tout jamais hors de portée de la curiosité d'Homo sapiens, protégées de ses investigations par des kilomètres de banquise, mais la Nature n'est peut-être pas si cruelle car des geysers existent sur Encelade et très probablement aussi sur Europe. Les panaches d'eau crachés pourraient contenir des micro-organismes ou pour le moins des biosignatures que des sondes pourraient détecter en les traversant. À cet égard, les espoirs sont sans doute grandissants pour les planétologues et les exobiologistes depuis que des indications de plus en plus convaincantes de l'existence de geysers sur Europe. Elles sont d'abord venues des observations du télescope Hubble en 2012 mais elles sortent aujourd'hui de nouvelles analyses de données recueillies par la sonde Galileo lors d'un survol rapproché d'Europe réalisée en 1997. C'est ce que vient de révéler une équipe de chercheurs états-uniens menée par Xianzhe Jia, de l'université du Michigan à Ann Arbor, dans un article de Nature Astronomy. Or, la nouvelle est aujourd'hui précieuse car la Nasa prépare une mission spécialement dédiée à la lune glacée de Jupiter : Europa Clipper (voir la vidéo ci-dessus).